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-Ruht wohl
Ruht wohl - J. S. Bach
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Giotto, Mise au tombeau
Première page de la Passion selon Saint Jean
"Le rythme est celui d’un menuet lent (trois temps, avec arrêt sur le premier temps), mais la forme est de type refrain/couplets : c’est ce que les compositeurs français appellent un menuet en rondeau. Bach choisit une forme « galante », et compose un chœur purement homophonique, pratiquement sans aucun recours au contrepoint. C’est très rare dans son œuvre : on ne retrouve de tels chœurs que dans ses cantates profanes, hormis évidemment le dernier chœur de la Passion selon Saint Mathieu.
Mais si ce morceau est galant, l’émotion est bien présente : la tonalité de do mineur, « agréable, charmante, mais aussi triste, désolée » d’après Matheson, et les phrases descendantes donnent une atmosphère prenante et recueillie.
Cette image du bébé qu’on berce est l’occasion de rappeler que Bach adorait les enfants, mais aussi qu’il eut la douleur d’en perdre dix en bas âge, peut être pense-t-il à eux en écrivant ce chœur. C’est aussi un moyen de faire le lien avec la Nativité, l’autre grande fête chrétienne, tout comme l’Oratorio de Noël finit sur un choral de la Passion : « dans le bois de la crèche se trouve celui de la croix ».
L’orchestre commence seul le refrain, la mélodie principale revenant au hautbois, flûtes et violons I. Pendant ce temps, les violons II et altos dessinent de grandes descentes, bientôt rejoints par les violoncelles. On est frappé par l’abondance des lignes descendantes, qui représentent l’ensevelissement, la mise au tombeau :
Le chœur rentre doucement et dans le grave, mais il n’a pas la mélodie, il ne fait qu’accompagner l’orchestre au début. Puis peu à peu, il prend son indépendance, rejoint la mélodie principale, et reprend enfin la mélodie du refrain complet. De longue tenues sur Ruht wohl, représentant le repos et l’immobilité, accompagnées d’arpèges descendantes chez les basses, préparent une grande montée sur « apportez-moi aussi le repos », et la fin du refrain. L’orchestre reprend alors l’introduction du refrain seul.
Puis vient un premier couplet chanté par le chœur sans orchestre (avec la basse continue). Plus détendu, il commence en si bémol majeur. Il finit par une grande montée des basses et sopranos sur « m’ouvre le ciel » et une descente sur « ferme l’enfer ».
Le refrain reprend alors en entier. Le second couplet est sur le même thème que le premier, mais commence plus sombrement en fa mineur, et ne fait pas intervenir le pupitre de basses, ce qui lui donne un côté aérien. Il finit également par une grande montée des sopranos sur « ciel », et une descente sur « enfer ».
Le morceau reprend alors au début, sur l’introduction de l’orchestre, et se finit à la fin du refrain.
Avec cette pièce, Bach écrit un de ses chœurs les plus simples et en même temps les plus émouvants. Il choisira également de terminer sa passion selon Saint Mathieu par un chœur dans le même style « Wir setzen uns mit Tränen nieder » (Nous nous asseyons en pleurs)."
In www.oratoriodeparis.asso.fr
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